Serpentard. Le verdict est tombé. Les applaudissements de tes camarades te font vibrer. Tu rejoins la table de ta nouvelle maison. Un sourire radieux illumine tes traits de porcelaine. Tu ne pouvais rêver mieux. Tu n'y crois qu'à moitié, peut-être parce que ton père n'y croyait pas. Il s'est trompé. S'il s'est trompé sur ça, peut-être qu'il remettra en question son jugement à ton égard, peut-être qu'il te donnera une chance de conquérir son coeur de père. Tu n'es clairement pas la fille qu'il désirait. Tu l'as tellement déçu auparavant... Mais aujourd'hui, tout peut changer, aujourd'hui, tout peut basculer. Qu'est-ce que tu es naïve. Franchement. Tu crois que ta répartition va changer la donne? Tu crois qu'elle va changer ce que tu es? Toi et ton attirance maladive pour les moldus. Tu le dégoûtes probablement. Comment oses-tu lui infliger cela, à lui, ce père qui vous a tout donné, oui, lui, ce père qui ne vous a jamais rien refuser? Qu'est-ce qui cloche chez toi? Pourquoi ne peux-tu pas simplement entrer dans le rang? Pourquoi ne peux-tu simplement pas ressembler davantage à tes soeurs? Tu te baignes d'illusion ma petite, si tu crois qu'un jour tu réussiras à avoir son approbation. Il te déteste, il te méprise, alors pourquoi essayer? Tu es condamnée à le décevoir encore et encore, à lui briser son coeur de père. Tu fais pire que bien. Le doute est trop présent, il t'oppresse et finit par avoir raison de toi. Et tu deviens cette petite chose brisée, qui n'a plus rien à perdre, tu t'enfonces dans tes travers, puisque de toute façon tu finiras par le décevoir. Le malheur et la noirceur ont une saveur si délicate. Tu te plais à vivre comme cela et tu entraînes tout le monde avec toi. Un petit bout de femme, un petit ange aux ailes brisées. Tu voudrais pouvoir t'éveiller au bonheur, croire à l'amour, mais tu ne sais plus comment faire pour y croire. Tu es emprisonnée dans ton mal être depuis tellement longtemps que tu sais plus trop comment t'en sortir. Tu deviens cette garce méprisable. C'est ton excuse pour ne pas avoir droit au bonheur. C'est tellement plus rassurant de rester dans cette obscurité que tu ne connais que trop bien. C'est tellement plus facile de s'abandonner à la violence. Tu n'es plus que l'ombre de toi-même, fillette.



Dyan. J'aimerais que tu aies la décence de me regarder lorsque je m'adresse à toi. La voix du paternel éclate contre les murs du salon. Tu relèves le regard vers lui. Une lueur dorée danse dans la profondeur de tes orbes noisettes, ce n'est qu'un soupçon de défiance, agrémenté de la fureur que tu éprouves à son égard. Tu n'oses pas lui répondre, il a bien trop d'emprise sur toi. Tu as beau savoir que rien de ce que tu fais ne le satisfera jamais, tu ne peux pas t'empêcher d'espérer qu'un jour, il te voit pour ce que tu es réellement et plus comme celle qu'il voudrait que tu sois. Tu vas mettre un terme à ces fiançailles et prendre le poste au ministère. Tu ouvres la bouche et la refermes aussitôt. Tu es comme un poisson que l'on aurait sorti de son bocal. Tu n'y crois pas. Pardon? Il lève la main. Il n'y a pas à discuter Dyan. Tu n'as pas le choix. MA maison, MES règles. Tu ne peux te résoudre à renoncer à lui. Ton coeur loupe un battement lorsque tu prends conscience que tu n'as plus le choix. Si tu veux le garder, il va falloir que tu brises les liens qui t'unissent aux tiens. Tu ne le veux pas, mais il te met au pied du mur. Ton regard s'abaisse. Alors je n'ai plus rien à faire dans TA maison. Tu l'as détruit, mais tu ne le sais pas, parce que tu n'oses pas le regarder. Tu n'oses pas l'affronter. Cet homme froid et hautain, tu viens de lui écorcher le coeur en le poussant en dehors de ta vie. Tu ne le voulais pas. Il ne le voulait pas plus. Au fond, tu lui ressembles plus que tu ne pourrais le croire. Tout deux bien trop fière pour renoncer. Il n'y a pas de retour en arrière possible. Ni pour toi, ni pour lui. Vous avez atteind le point de non retour. C'est comme ça que tu t'es retrouvé à la rue. Du haut de tes dix-sept balais, sans trop comprendre comment, tu te retrouves devant la porte des McLaggen. La pluie tombe. T'es trempée. Ton index hésite avant de presser sur la sonnette. La porte finit par s'ouvrir. La pluie a beau avoir effacé tes larmes, il comprend en un regard. C'est comme ça que les choses se sont précipitées. Comme ça que tu t'es retrouvée mariée avant l'heure. T'es trop jeune, mais tu ne veux rien savoir. Tu fonces dans les erreurs. De toute façon, tu n'as plus rien à perdre. Enfin, c'est ce que tu crois...



Tu portes la clope à tes lèvres. Tu aspires la fumée, tu la laisses salir tes poumons avant de la recracher délicatement entre tes lippes. Une trace de gloss sur le filtre. Tes orbes aux couleurs de miel se glissent sur les alentours. Tu es vaguement endolorie, l'alcool se propageant dans ton organisme. Par Merlin , qu'est-ce que tu as bien pu foutre de ta vie? Rien de bon. Un sourire jaune et sans saveur vient fendre tes traits. Tu te redresses, trop rapidement, tu titubes, portant une main contre ta tempe. Tu as l'impression que ton coeur va exploser. Il bat douloureusement, dans ta poitrine, dans ta tête, il bat à tout rompre. Qu'on te l'arrache pour que cette douleur te quittes enfin. Tu finis par te retrouver face à toi-même. Ta sale tronche, placardée sur les murs de tous les pubs sorciers du royaume. Ça te dépasse, mais du frique reste du frique, tu ne vas pas cracher dessus. Puis ce frique, il te permet de rester loin de cette maudite famille et surtout, loin de ce père à qui tu as toujours voulu plaire. Ça te hante? Ça te bouffe. Tu n'es que l'ombre de la fille qu'il aurait voulu avoir. Tu suis ses traces, sachant pertinemment que jamais aucune de tes actions ne le rendra fière. Tu suis ses traces en prenant bien soin de tout briser sur ton passage. Ça lui donnera une raison de te hurler dessus. Toi, la fille qui l'a tant déçu. Tu as beau être adulte, voler de tes propres ailes tomber et te relever, tu redeviens immédiatement sa petite fille lorsqu'il est là. Hey Dee, ça va? Tu fronces les sourcils, cherchant à la volée cette voix qui t'interpelle. Des doigts viennent emprisonner ton poignet. Un geste ferme et délicat à la fois. Tu sens que l'on t'attire et sans t'en rende compte, tes mains sont plaquées contre un corps que tu ne connais que trop bien. Tu laisses échapper un grognement bestial. Tu essayes de te défaire de cette étreinte. Trop tard. Tu as beau cogner, il te maintient contre son torse. Qu'est-ce que tu fous Dee? Demain, on joue le match de notre vie. Il se saisit de tes épaules. T'es trop anestésier par l'alcool pour réagir. Tu n'arrives même pas à relever le regard vers lui. Le match de VOTRE VIE, mais ouai, je suis au courant. Hm. J'ai reçu les papiers du divorce. C'est officiel, je ne suis plus Madame McLaggen. Tu laisses échapper un rire douloureux, un rire à fendre le coeur. Tu n'as jamais eu aussi mal. Tu savais pourtant que ton mariage était fini, mais au plus profond de toi, tu espérais que les blessures finirais par se refermer en ne laissant que de toutes petites cicatrices. C'est le Padre qui doigt sabrer le champagne. Ta voix se brise. Tes larmes frappent au seuil de tes paupières sans que tu ne les autorises pas à couler. Tu sens l'étreinte de ton coéquipier se desserrer, mais il ne te lâche pas, non, il t'attire contre lui. Tu veux résister, mais les larmes roulent toutes seules sur tes joues rosies. Par Morgane, tu n'as peut-être jamais aimé le Quidditch, mais c'est pourtant la seule chose qui te rattache à la vie.