cordélia, déesse de l'hiver, cordélia, princesse des glaces, cordélia, reine des garces. tu as instauré ta tyrannie, obligeant les serpents à baisser le regard sur ton passage, puisqu'ils avaient, si lâchement et injustement, décrété que tu n'avais pas la suffisance d'une vert et argent. cordélia, petite première année, tu as vite déchanté. ils se moquaient, les remarques acerbes et les sourires narquois fusaient, et toi, tu acceptais. puisque tu n'étais qu'une enfant, tu n'avais rien à dire, rien à faire, si ce n'est sourire. oh oui, jolie cordélia, tu n'étais que sourire, un doux sourire qui s'est changé avec les années, la lumière dans les ténèbres qui aveugle, qui aveugle et qui tue, injustement, qui détruit nos pupilles. tu étais belle, ô grande cordélia, déjà enfant. tu étais silence, ce silence opprimant, ce silence qui fascine, ce silence dérangeant, ce silence si beau que certains en perdaient la voix. tu étais malheureuse mais tu n'en avais pas le droit, puisque qu'une greengrass ne faiblit pas, ne faiblit jamais. tu bougeais dans les couloirs telle une ombre, pensant, rêvant d'une vengeance. tu étais blaireau puisque tu étais loyale. l'honneur t'était, à toi plus qu'à une autre, obligatoire. une femme d'honneur, d'une femme de loi. tu savais ce que tu souhaitais devenir, tu en rêvais secrètement. malheureusement, ta baguette n'aidait pas. indomptable, comme tu l'étais, jolie cordélia. elle ne voulait pas t'obéir. jamais. tu étais blaireau puisque tu étais dévouée, tu faisais ton travail avec acharnement, tu étais une âme torturée qui ne se plaignait pas, jamais, d'être le bouc émissaire des serpents. tu étais blaireau puisque tu étais patience. tu attendais ton heure comme on attend le père noël à minuit. tu savais qu'un jour, ton heure viendrait, ta vengeance sonnerait et que tu pourrais, enfin, relever le menton et honorer ton blason. tu pourrais redevenir la descendance de la grande daphné, tu pourrais redevenir la fière cordélia greengrass. en attendant, tu accusais les coups avec cette innocence qui s'effilochait au fil du temps. deux années. deux futiles années avant que tu n'abandonnes. cordélia, petite première année, fragile, perdue, désœuvrée, désabusée, tu as laissé place à greengrass, troisième année, vengeresse confirmée, sarcastique et reine des humiliés. tu as fait payé à ces serpents, tu leur as rendu leur venin à coup de courbettes et petits sourires. tout n'était qu'apparence et tu maîtrisais les ombres avec un don inné, puisque tu avais été, à ton heure, un tableau branlant sur les murs du château, des espoirs en miette dans le parc. une enfant, détruite pas la suprématie du sang. tu n'avais pas fait honneur à salazar, et tu le payais. or, ils en avaient oublié helga, la grande, la dévouée. tu ne t'es pas laissée faire, sortie de ta tour d'ivoire, tu as imposé ton petit monde, et ce sans demander ton reste. ils se sont ployés sous tes sarcasmes. tu es devenue cordélia l'ironique, greengrass la garce. [...] la jolie greengrass est devenue plus calme, plus observatrice, plus réfléchie. tu as grandi, mûri. le bloc de glace majestueux et fier. mystérieux et nébuleux. greengrass.