OO1. Elle a joué au Quidditch pendant sa scolarité, a toujours aimé la sensation du vent dans ses mèches dorées. Seule Fleur fut surprise de la carrière qu'elle emprunta une fois adulte. Son père, lui, l'encouragea avec toute la bienveillance qui court dans ses veines. OO2. Sa mère et elle s'entendent parfaitement, sont très proches, se ressemblent et se comprennent. Pourtant, la femme de la famille que Victoire admire le plus est Hermione. Elle est belle, certes, ne s'est pourtant jamais reposée sur son physique ; elle est indépendante, forte et intelligente. Tout ce que Victoire aimerait être. OO3. Si la natation n'est pas un réel problème pour elle, Victoire se tient néanmoins à distance des points d'eau. Cela date d'il y a plusieurs années ; elle se souvient du cri de sa mère, des pas pressés de son père, du visage blanc et paniqué de Dominique qui fut sortie de l'eau. Ils échappèrent à l'accident tragique, mais le traumatisme est là, sous-jacent. OO4. Sans jamais l'avouer, surtout pas à sa mère et sa grand-mère, Victoire ressent une certaine gêne vis à vis de ses origines vélanes et les rend responsables de ses échecs amoureux. Est-elle appréciée pour ce qu'elle est sincèrement ou pour ce que ce sang enchanteur renvoie d'elle ? OO5. Ses péchés mignons sont la tarte à la noix de pécan, et une bonne bièraubeurre bien fraiche. L'une accompagnée de l'autre, c'est encore mieux. OO6. Elle déteste les commérages, les cancans et est une véritable tombe lorsqu'il s'agit de garder un secret. OO7. Enfant, Victoire rêvait d'une grand soeur. Celle qu'elle tenta d'être pour Dominique et Louis. Quelqu'un à qui confier ses doutes, ses peurs, à qui poser les milles et unes questions qui lui brûlèrent les lèvres. OO8. Il arriva une fois, en cours de potions, qu'un jeune homme tente de lui faire boire un filtre d'amour. Malheur au prétendant, le professeur intercepta la fiole. OO9. Ses colères sont noires, furieuses, telles celles des harpies décrites dans les livres. Et sa rancune n'a d'égal que le bleu électrique de ses yeux. C'est lorsqu'elle sort des gonds que l'on reconnaît les véritables caractéristiques de sa famille française. O1O. Elle tresse souvent ses cheveux en une natte qui tombe sur l'une de ses pâles et frêles épaules. Exception faite des cours de vol ; ses cheveux sont alors libres, lui fouettent le visage, sont malmenés par les courants, et elle sourit alors, heureuse et épanouie.


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que pensez-vous de la valeur du sang ? Elle n'en pense rien, sinon qu'il vaudrait mieux juger de la pureté d'un cœur plutôt que du sang. Une partie de ses cousins sont de sang mêlé ; son sang à elle - celui de sa mère, de son frère, de sa sœur - n'est d'ailleurs pas entièrement immaculé. Elle le revendique avec fierté, la tête haute, n'a absolument honte de rien, sinon des peurs qui la tiraillent parfois. Il n'est pas question d'être de ces sangs purs qui le clament haut et fort, qui rejoignent les rangs des Ténèbres, qui sèment l'injustice et l'inégalité. Elle est de l'autre camp, le camp de l'empathie et de l'ouverture d'esprit.

Victoire joueuse, Victoire rieuse. Parfois moqueuse, la belle enfant. D'un cœur plein, trop plein. Palpitant et déversant ; sentiments exacerbés, impertinents, purs et grands. D'une tête aux mille-et-une histoires, mille-et-un caprices. Elle naît peu après la Grande Bataille, Victoire. Elle devient immédiatement la petite fille de son père, aimée, chérie. Il lui conte des histoires, de celles qui font rire essentiellement. Fleur se charge des souvenirs, dépeint la scène d'un mariage auquel elle est l'actrice principale. Et elle est tactile, Victoire. Elle se serre tout contre sa mère, lui sourit, et son rire cristallin s'élève soudainement, résonne. Aussi laisse-t-elle parfois courir ses doigts sur les drôles de dessins qui zèbrent le visage de son père, lorsque personne ne regarde. Grimaçant d'abord, se détendant ensuite, Bill accepta bien rapidement les questions. Elle n'avait pas cinq ans la première fois. "Tu as mal, papa ?" faisait-elle alors d'une voix timide. Hochement de tête. "Qui t'a fait ça ?" Haussement d'épaules. Pendant les premières années de sa vie, les chemins tortueux, sinueux, sur le visage de son père adoré constitua le plus grand mystère de sa vie. Et puis, lorsque la vérité éclata enfin, lorsqu'elle fut en âge de feindre l'indifférence face à ces horribles histoires de loup-garou, de mort et de crainte – une histoire diluée, Fleur ayant insisté pour que Bill y mette les formes – elle éprouva un malin plaisir à la conter à Louis, à Dominique. A la répéter, imitant des voix graves, pratiquant les intonations avec une précaution infinie. "La tour d'Astronomie était haute. Très haute. Plus haute que tout ce que tu as déjà vu, Dominique" commençait-elle alors en vrillant sa petite sœur d'un regard qu'elle voulait menaçant. Louis, à ses côtés, laissait échapper un petit soupir signifiant qu'il connaissait la suite sur le bout des doigts. Et, alors qu'elle arrivait au point culminant de son histoire, l'attaque de ce Fenrir, ce monstre, sur leur père, elle se redressait d'un bond, imitait le feulement inquiétant, alors que son frère et sa sœur s'inquiétaient de la suite des évènements, Fleur entrait dans la pièce et les interrompait. Victoire était punie de dessert à chaque fois, mais le baiser que son père déposait sur son front lorsqu'il l'apprenait l'encourageait à recommencer. Comme un cauchemar récurrent – cette peur tenaillant le ventre – que l'on rejette instamment en le narrant souvent, en le banalisant.

Et elle grandit, la jolie Victoire. Ainée de la ribambelle de cousins, elle se rapprocha rapidement de Teddy. Elle le suivait partout, riait avec lui, a pleuré parfois, mais riait encore lorsque ses cheveux devenaient bleus ou jaunes, rose ou violets. Ils entrèrent à Poudlard ensemble, ils se rapprochèrent davantage avec les années. Elle le suivait des yeux dans la salle commune des rouges et ors, elle observait ses mouvements et un sourire s'épanouissait sur ses lèvres, tendrement. "Qu'est-ce qu'il y a ?" lâchait-il alors, quand il s'apercevait de son regard posé sur ses traits. A chaque fois, elle embrassait la salle commune du regard, se perdait dans la contemplation des flammes tandis qu'elle essayait de s'expliquer ce lien si fort qui les unissait. En septième année, ce lien changea. Elle s'aperçut qu'elle avait besoin de lui, que son cœur se chargeait d'un sentiment de plénitude lorsqu'il la regardait. Et, lorsque Teddy s'approchait d'elle, effleurait une mèche blonde, elle laissait échapper un soupir de contentement, ou deux. Riait. "Attention à la vélane qui sommeille..." faisait-elle en plaisantant. Elle savait, au fond, que c'était une réelle crainte : Teddy était-il comme tous les autres, ces garçons qui avaient vainement, violemment tenté d'attirer son attention quand ils la croisaient dans les couloirs ? Était-ce vraiment elle qui lui plaisait, ou était-ce ce charme envoutant qui l'hypnotisait ?

Ils n'eurent jamais vraiment réponses à leurs interrogations. L'intimité qui s'installa entre eux creusa, paradoxalement, un gouffre entre les deux amis. Les jalousies eurent finalement raison d'eux. A la mort d'Andromeda, la grand-mère de Teddy, Victoire s'était promis de reconquérir son amitié. La vraie, la pure, celle de leurs jeunes années, celle qu'on leur enviait. Ils étaient tous attables ; ses parents, ses oncles, ses tantes, les cousins, et les amis de l'Ordre du Phoenix, les mines grises, des regards inquiets jetés en direction du jeune Lupin. Elle se le promit silencieusement, intérieurement. Elle serait là pour lui. Ou, du moins, elle l'avait pensé. Jusqu'à ce que Teddy ne leur explique qu'il allait partir. Elle n'avait pas compris, avait fixé sa nourriture durant quelques secondes. "Partir où ?" avait-elle finalement lâché en le regardant, surprise. "Je ne sais pas encore. J'ai envie de voir le monde, rencontrer des sorciers un peu partout. Je crois que j'en ai besoin." Elle avait acquiescé. Simplement. Un mouvement de la tête très furtif. Pourtant, elle n'avait pas compris. Égoïstement, elle n'avait pensé qu'aux conséquences. Il l'abandonnait. Teddy partait, et il la laissait seule. Les premiers mois furent difficiles, mais on lui donna plus de responsabilité, on l'invita à quelques réunions de l'Ordre. Des réunions sans importance au début, mais qui lui donnèrent l'impression qu'elle l'était, importante. Qu'elle comptait. On jouait sur sa fierté, et cela la divertit suffisamment pour lui faire oublier ce poids au cœur. Et puis, il y eut Poudlard. Le retour. Son premier jour fut ensoleillé. Le ciel était bleu, son immensité se déroulant à l'infini. Elle avait attendu ses élèves en faisant les cent pas, les doigts tendus sur le bois de son balais. Enfin, quand ils se mirent en ligne devant elle, elle avait souri. "Je suis le professeur Weasley."

Louis l'avait rejointe quelques années plus tard, elle en avait été enchantée. Si elle ne le montrait pas, ou que très peu, Victoire était fortement attachée à sa famille, ceux qui partageaient ses origines vélanes, ceux qui comprenaient ses doutes et craintes. Teddy était revenu également. Elle en avait été soulagée, s'était néanmoins interdit d'en ressentir une trop forte joie. Au fond, après toutes ses années, elle lui en voulait toujours, se détestait d'éprouver une telle méfiance envers celui qui avait toujours eu toute sa confiance.

Victoire joueuse, Victoire rieuse. Parfois moqueuse, le beau brin de femme. D'un cœur plein, trop plein. Palpitant et déversant ; craintes intenses, doutes attisés, violents et vains. D'une tête aux mille-et-une jalousies, mille-et-un secrets.