Le regard lointain, les yeux comme morts, tu erres dans les rues du Chemin de Traverse sans regarder où tu vas, sans faire attention aux nombreux passants que tu bouscules. C'est à peine si leurs jérémiades parviennent à tes oreilles sourdes. Alors on s'écarte de toi, te laissant errer tranquille. Ta démarche est étrange, tu avances tel un pantin désarticulé, sans même t'en rendre compte. Il y a des murmures à ton passage, on te montre du doigt, mais tu sembles tellement déconnectée de la réalité que tu ne le remarques pas, perdue dans des pensées macabres qui semblent prendre possession de ton esprit, de ton être tout entier. Tu laisses tes pas te guider, te fichant pas mal d'où tu vas attérir Tu n'as rien à faire de ta matinée, tu pourrais aller travailler, mais cette idée n'a même pas traversé ton esprit tordu.
Tu percutes violemment un passant, et le choc t’envoie valser contre un mur en briques. Tu as envie de pousser un juron démentiel, et tu le fais, sans réfléchir, comme souvent. Tu meurs également d'envie d'étriper le dit passant, mais celui-ci a déjà filé. La violence du choc t'a réveillée, t'as ramenée durement à la réalité. Tes yeux sont sensibles à nouveau, et ton regard devient limpide, comme après une bonne nuit de sommeil. Sauf que tu n'as pas dormi, tu étais juste déconnectée de la réalité, comme cela t'arrive très souvent. Tu clignes des yeux de nombreuses fois, pour mieux comprendre ce qu'il vient de t'arriver. Tu portes ta main gauche à ton front, et tu réalises que tu saignes. Tu n'as pas mal, ou du moins tu n'en as pas conscience. Bon Dieu, si jamais tu recroises cet abruti de passant, même des supplications ne t’empêcheraient pas de le tuer, d'en finir avec lui. A moins que tu t'amuses un peu auparavant, comme tu aimes le faire depuis ta plus tendre enfance. Tu t'es toujours amusée à penser que si tu avais grandi chez les moldus, tes poupées n'auraient jamais fait long feu, tu les aurait démantibulées à une vitesse éclair, prenant un plaisir sadique à imaginer leurs souffrances. Mais en même temps, cette idée te répugne, rien que de te savoir entourée de sangs-de-bourbe te donne la nausée ainsi qu'une envie de tout détruire sur ton passage, objets comme humains.
Tu t'essuies le front du mieux que tu puisses, tu n'as même pas envie de sortir ta baguette pour arranger ton apparence, tu t'en moques à un point inimaginable. Tu réalises alors que de nombreux passants se sont arrêtés pour t'observer, la plupart avec de grands yeux. Tu as envie de tous les tuer, qu'ils te laissent tranquilles. Tu observes les passants un à un puis tu élèves la voix : « Allez, dégagez de là, il n'y a rien à regarder. » Puis tu t'éloignes, fusillant du regard chaque pauvre sorcier qui s'est arrêté pour te dévisager tel un phénomène de foire. Tu entres dans la première boutique que tu croises, sans même en regarder l'enseigne, et à nouveau, tu bouscules quelqu'un. Décidément, c'est ta putain de journée. Tu lèves les yeux vers le sorcier qui va passer un très mauvais quart d'heure, tu n'es plus vraiment d'humeur, mais un sourire se dessine sur tes lèvres quand tu croises son regard. Tu connais chacun de ses traits, que tu ne peux t’empêcher de dévisager. Cet homme te passionne, c'est ton jouet personnel. « Tiens, tiens, tiens … Louis Louis Louis. » Tu sais qu'il va te haïr pour avoir prononcé cette phrase, c'est au mot près ce que tu lui as dit quand tu l'as 'réveillé' de ton emprise de l'imperium.