Ferme les yeux.
« Mère, pourquoi est-ce que les sang-de-bourbes sont acceptés à Poudlard ? » Du haut de tes sept ans, cette question dont tu n’as pas la réponse te perturbe depuis plusieurs jours. Toutefois, tu n’as rien dit auparavant, essayant de trouver la réponse par toi-même sans déranger tes parents. En vain.
« Vous connaissez la réponse, mère ? » la voix fluette de ta sœur te parvient aux oreilles quelques millièmes de secondes après qu’elle l’ait posée. Vous êtes tous deux suspendus aux lèvres pâles de votre mère, assise bien droite sur le canapé, tout comme vous.
« Nous devons cela à ce sénile de Dumbledore. » Dit-elle comme-ci ce nom était de la bouse de dragon encore fraiche.
« Pourquoi fait-il ça, c’est un sang-pur pourtant ? » « Sang-pur ? Traître à son sang plutôt, seulement personne n’ose le lui dire en face. » Tu fronces les sourcils, pensif.
« Il veut qu’on fasse des bébés avec des moldus ? » Demandes-tu, le visage peint par l’horreur tandis que celui de ta mère reflète une intense et rare fureur.
« Je préfère encore être en couple avec un gobelin ! » Enonce ta sœur avant de se faire réprimander par ta mère.
« Ne dis jamais ça Nemesis. Moldus et gobelins sont de la même espèce. Des inférieurs. Aux mêmes titres que les loups-garous et les elfes de maison. Seuls les sang-pur valent quelques choses. » Machinalement, la femme qui t’a donné la vie époussète son épaule parfaitement immaculée, comme à chaque fois qu’elle parle du statut des personnes de votre rang, ce qui arrive relativement souvent. Ce geste te fait toujours penser à la devise de la famille Travers.
Ruse, force et fierté.-------
_ Bon, tu couches avec elle ou pas ?
_ Encore une fois, je ne couche pas avec. C’est une amie.
_ Mais pourtant elle couche avec n’importe qui. Pourquoi pas toi ?
_ Je rêve ou tu veux m’arranger un coup ?
_ T’es mon frère Morphy. Je m’inquiète pour toi.
_ Bah inquiète toi plutôt de ton futur mariage arrangé, veux-tu.
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L’air glaciale te brûle de son éteinte impétueuse la gorge et les poumons. Autour de toi, les cris horreurs et les rires froids résonnent dans l’obscurité. Tu te sens bien en cet instant, tu es fier. A tes côtés, ton père porte noblement son masque argenté, tout comme toi.
« C’est ton premier raid, tâche d’être à la hauteur des espérances du maitre. Fais honneur à nos ancêtres. » Sa voix est grave et anormalement basse. Ton père te regarde fixement, attendant une réponse. Tu ne tardes pas à la lui donner.
« Je sais ce qu’attend le maitre. Je lui donnerai. » Promets-tu plus à toi-même qu’à ton père. De toute façon, tu n’as pas le choix, soit tu réussi, soit tu seras la risée des mangemorts.
Et tu es un Travers, tu n’es la risée de personne, encore moins de certains Sang-mêlés bêtes comme leurs pieds. Tu sais d’avance que tu vas réussir. Pourquoi ça ne serait pas le cas ?
Lentement, tu avances vers la première maison moldue qui se dresse devant toi. Tu ne sais pas qui y habite, mais ça ne serait tarder. Au travers des fenêtres, tu perçois le feu qui se déploie dans les rues. Aujourd’hui, Nemesis n’a pas pu venir, vous ne faites pas votre premier rail ensemble. Tu es déçu même si tu sais qu’en rentrant tu iras tout lui raconter. Prévisible. D’un pas feutré, tu te retrouves dans une chambre d’adolescente. Trop de rose partout. Rose à en vomir. Tu cherches la fille des yeux.
Elle est là, dans un coin de la pièce. D’où tu es, tu es capable de voir qu’elle transpire de peur. Elle n’est peut-être pas si bête que ça, cette moldue.
« Approche-toi » Elle avance vers le centre de la chambre d’une démarche hésitante. Elle ne doit pas avoir plus de seize ans. Tu souris d’anticipation en levant ta baguette magique. Dans la pièce d’à côté un hurlement féminin retentit assez fort pour faire pleurer ta victime.
« Pourquoi faites-vous ça ? » Tu la regardes de manière méprisante.
« Il faut bien que quelqu’un se tape sale boulot. » Elle fronce les sourcils tandis que les stries qui entravent ses joues pleines brillent sous la lueur du feu.
« Sale boulot ? » Tu hausses les épaules nonchalamment.
« L’éradication de la vermine. » Tu la regardes écarquiller des yeux alors qu’elle comprend enfin ce qui l’attend. Sans attendre, tu débutes ton test sous le regard de plusieurs mangemorts.
« Endoloris » Déjà, les hurlements de l’adolescente résonnent dans la pièce. Elle est à peine plus jeune que toi. Derrière vous, tu sens que ton père te regardes avec fierté. Ton sourire s’agrandit alors.
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_ Je sais qui a tué mère.
_ Tu es sûr ?
_ Oui ‘Sis, elle fait partie de l’Ordre.
_ Que va-t-on faire ? Prévenir père ?
_ Il est assez occupé. Il n’a pas besoin de savoir.
_ Alors quoi, faire justice nous-même ?
_ Evidemment. Comme d’habitude, pas vrai ?
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Dans la pièce règne exceptionnellement une odeur de sueur, de sexe et de renfermé. Les volets mal refermés laissent filtrer de-ci de-là quelques rayons du soleil. Dans le lit défait, une fille quelconque repose sur ton torse nu. Quand tu l’as rencontré hier, elle était incroyable banale mais également incroyablement bourrée. A présent, elle est toujours aussi banale mais malheureusement pour elle, elle doit également avoir une bonne migraine. Ce n’est surement pas ton cas, ayant été sobre toute la soirée. Dans le couloir, des pas lourds se font entendre de manière régulière jusqu’à la porte de ta chambre. La poignée est tournée lentement et la porte ouverte. Une silhouette menue se dirige malgré l’obscurité vers la fenêtre. Elle ouvre les volets en bois tout en parlant fortement.
« Lève-toi Morphy ! » Tu te couvres le corps rapidement en grognant.
« On est dimanche, dans une demi-heure on a notre repas familial. Allez Morpheus, j’ai pas envie de te couvrir aujourd’hui. » Tu assieds difficilement, repoussant le corps de la jeune fille sur le côté.
« Pour une fois que c’est pas à moi de te couvrir » grommèles-tu.
« Oh ça va ! Et c’est qui cette fille ? » Tu jettes un coup d’œil rapide vers ladite fille avant d’hausser les épaules.
« Sais pas, une fille. » Tu te mets à la secouer pour la réveiller, mais rien n’y fait. la jeune Travers lève les yeux au ciel avant de sortir sa baguette.
« Aguamenti ! » Un long cri aigu résonne dans l’appartement. Avant même que l'inconnue ait eu le temps dire dire quoique ce soi, la voix de Nemesis retentit dans la chambre
« Sors d’ici. » Sous le regard méprisant de ta sœur, la fille ne prend même pas la peine de te regarder et se rhabille avant de filer.
« T’aimes bien effrayer les gens, pas vrai ? » « Surement. Mais dis-moi, t’aurais pas oublié qu’tu vas bientôt savoir à qui les parents t’ont destiné ? » Tu souffles longuement, las.
« Bien sûr que je m’en souviens. Mais ils n’ont pas signé de contrat d’exclusivité, n’est-ce pas ? » Suite à cela, elle se dirige vers la sortie en ricanant. «
Pauvre future Madame Travers. »-------
_ Ça va avec ton patron ?
_ Très bien…
_ Ton plan fonctionne alors ?
_ Oui, il m’adore. A sa façon.
_ Assez pour que tu hérites de sa boutique à sa mort ?
_ J’espère bien.
_ Et si c’est le cas ?
_ Il risque de mourir plus vite que prévu…