Ooh-oo child, things are gonna get easier.
«
Endoloris ! » C'est le regard froid, vide de toute humanité, de bon sens et de remords que tu brandis ta baguette sans trembler. Tu ne clignes pas des yeux, c'est à peine si tu respires. Le corps qui se tord sur le sol devant toi ne te fait pas frémir, ses cris de supplication n'atteignent pas ton âme. Tu laisses pourtant entrevoir un petit sourire en coin, un sourire vicieux, satisfait. Qui pourrait croire, que sous ton apparence fragile de poupée bulgare se cachait la complexité d'un caractère incompris. Sadique, perverse, des mots qui on déjà été souvent employés pour te décrire. Tu ne peux qu'approuver, amusée par la situation. Mais qu'est-ce qui t'as donc rendu comme ça ? Toi qui était si innocente.
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«
Papa ! Regarde mes jolies fleurs ! » Dans l'air glacial de l'hiver en Bulgarie, une tignasse brune courrait dans le parc du manoir Krum entouré par les montagnes et les lacs. C'était un magnifique endroit pour élever des enfants, c'était là où tu avais vu le jour et que tu t'épanouissais chaque jour aux côtés de tes deux sœurs. L'une avait trois ans, l'autre deux, ce qui faisait de toi la plus âgée. Du haut de tes cinq ans, tu devais déjà prend soin d'elles, tu devais montrer l'exemple. C'est un fardeau que tu avais choisi d'accepter, faire bonne figure même quand tu allais mal, même quand tu avais peur, mais que tu devais te montrer forte. «
Fille, il est temps que tu saches des choses sur le monde dans lequel nous vivons. » Il ne voulait pas être froid avec toi, il avait même apprécié tes fleurs au milieu de tout ce manteau poudreux qui recouvrait l'herbe. Le parfum qu'elles dégageaient emplissait l'air ambiant, le rendait plus doux. Ton père s'était agenouillé devant toi, les traits durs, les sourcils froncés, mais le regard doux. Il avait une carrure imposante ton père, vestige d'une carrière dans le quidditch terminée beaucoup trop vite. Une défaite durant la coupe du monde en 2002, accompagnée de ta naissance quelques mois plus tard ont eu raison de lui. «
Cette vie que tu mènes, ton monde, ne sera pas toujours rose. Écoute, écoute moi Nova c'est très important. Il y a des forces, très puissantes et très dangereuses qui voudront s'emparer du moindre rayon de lumière pour le transformer en ténèbres. Tu ne devras pas te laisser charmer parce qu'elles proposeront, tu devrais résister. Durmstrang t'enseignera comment faire, elle te donnera les armes, ce sera ensuite à toi de les utiliser comme il faut. » Jusqu'ici, tu n'avais jamais autant prêté attention à ce que ton père disait. Ses mots résonnaient dans ton esprit, ils s'incrustaient en toi et tu n'osais pas bouger, de peur de perdre la suite des explications. Pourtant, une question brûlait tes lèvres, une question que tu craignais poser. «
Papa, qui nous veut du mal ? » Il te sourit, tu vois pourtant bien que c'est un faux, qu'il essaye de te rassurer en passant une main dans tes boucles. «
Nous avons du temps pour ça, viens, montre moi tes autres fleurs. » Tu ne lui reposas plus la question.
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«
Nous devons la changer d'école. » Il était tard et pourtant tu ne dormais pas. Enroulée dans tes couvertures, ton oreiller mouillé de tes larmes tu regardais par la fenêtre les étoiles éclairant le ciel. Il y a de cela quelques heures, tu avais surpris tes parents en pleine discussion dans le grand bureau rarement utilisé. Tu n'avais jamais entendu tes parents se parler sur ce ton, pour la première fois de ta vie tu les voyais se disputer. La raison ? Tes sœurs et toi, votre scolarité. Ta troisième année à Durmstrang allait commencer à la fin des vacances d'été, tu étais déjà prête à y retourner. Tes parents étaient tombés d'un commun accord quant au cursus scolaire que tes sœurs et toi allaient devoir suivre. Poudlard ne faisait pas partie de l'équation, ta mère ne trouvait plus l'école aussi sûre qu'elle avait pu l'être. «
Nous ne pouvons pas la changer d'école en cours de route, c'est impossible. » Oui, ils ne pouvaient pas te faire ça. Tu as conscience de la mauvaise réputation qu'a pu avoir ton école, tu sais que des choses étranges s'y passent parfois et tu te doutes bien qu'elle recèle de grands secrets. Mais elle est justement ton école, l'endroit où tu apprends la magie, l'endroit où tu as rencontré des personnes qui prennent de plus en plus de place dans ta vie. Pourquoi voudrais-tu la quitter ? Pourquoi laisserais-tu ta mère t'envoyer loin ?«
Mon père est mort, Viktor comprend moi, je ne veux pas que mes filles restent ici, je ne veux pas.. S'ils me trouvent, sais-tu ce qu'ils vont me faire ? » Les larmes coulaient sur tes joues, froides, bientôt trempées. Ton grand-père, cet homme que tu admirais, celui que te racontais toutes ces histoires que tu aimais tant. Celui qui arrivait à te faire voyager sans quitter la bibliothèque. Décédé. Ton cœur se serre, tu as l'impression d'étouffer. Assise contre le mur, dans l'ombre, tu laisses éclater en silence ta douleur. «
Je m'occuperais du transfert des filles et de toute ce qui est administratif le plus vite possible. » Tu n'en pouvais plus, c'est presque en rampant que tu es remonté dans ta chambre, le poids de ton âme endolorie te pesait beaucoup trop. Si seulement tu pouvais te l'arracher pour ne plus rien sentir.
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Papa,
je sais que je n'ai pas donné de nouvelles depuis plusieurs semaines, je comptais sur la diablesse qui me sert de sœur pour le faire.
Tu souris en reprenant de l'encre. Vous vous aimez, d'un amour vache et vicieux, celui qui vous fait vous chamailler et vous traiter de tous les noms quand l'occasion se propose. Mais il n'y a que toi pour te battre avec tes sœurs, tu n'acceptes pas qu'une autre personne s'en prennent à elles. Oh, elles peuvent se défendre, tu le sais que trop bien, mais c'est ton devoir comme ainée de toujours veiller à leur sécurité.
Denytsa semble s'intégrer mieux que moi, c'est normal, après tout, elle n'a pas eu à changer d'école. Je comprends pourquoi vous l'avez fait, je ne vous en veux pas.
Ta main tremble sur le parchemin, tu as besoin de t'arrêter quelques secondes. Au fond de toi, tu sens cette haine qui grandit, cette envie de tout détruire qui prend peu à peu possession de toi.
Le choixpeau a hésité avant de m'envoyer chez les serdaigle, je l'ai entendu murmurer. Crois-tu que tous les serpentard sont forcément mauvais ? J'ai entendu tellement de choses, tellement de faits ce sont révélés juste. Je ne sais plus quoi penser.
Tu soupires, enlèves tes lunettes pour te frotter les yeux. Le rayon de lune passant à travers la fenêtre éclairait parfaitement bien la salle commune, lui donnant un certain aspect mystique. Tu bailles, tes yeux se ferment doucement. C'est avec un effort herculéen que tu remets tes lunettes et reprends ta lettre.
Je vais bien, les cours se passent à merveille et malgré tout ce château me plait assez. J'enverrais d'autres lettres plus complètes bientôt. Prends bien soin de maman, je viendrais la visiter dès que possible.
Nova
Tu ranges ton matériel dans ton sac, glisses la lettre dans ton livre d'histoire avant de remettre les autres ouvrages que tu avais lu dans la bibliothèque. Tu te diriges ensuite lentement vers ton dortoir. Demain, tu commences par cours de potions avec les verts et argents. Tu as des points communs avec eux, tu ne peux le nier même si tu essaies. Tu as été élevée pour ne pas avoir de préjugés, pour ne pas haïr des personnes qui sûrement ne le mérite pas. Mais le monde te forge différemment, tes promesses te font voir les choses d'un autre œil.
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«
Dix BUSES et dix ASPICS, pas mal, joli score. » Tu tiens le parchemin dans tes mains. Stoïque, le regard perdu en direction du grand lac. Tu n'as pas eu trop de mal pour réussir tes examens, avec tes compétences et ton amour du travail bien fait, tu n'avais aucune raison de t'inquiéter. «
Mouais, c'est pas mal. » Tu n'y penses pas, ton esprit est ailleurs, bien loin. Ce parc va te manquer, cette école va te manquer, mais il faut avancer, la vie est faite de changements après tout. «
Et tu penses faire quoi maintenant ? Toujours envie de tâter du dragon, ou encore pire ? » Tu ne le regardes pas, la réponse ne peut être contenue plus longtemps, tu la lâches telle une bombe. «
Rejoindre l'ordre et botter le cul de tous les mangemorts que je croiserais. » Tu entends son rire à tes côtés, il ne te prend pas au sérieux et pourtant, tu n'as jamais été aussi sincère de ta vie. «
Comme métier idiote ! Moi, je pense trouver un boulot au Ministère. Pourquoi pas Directeur hein ? Je me vois bien, Directeur.. » Tu as arrêté de l'écouter au moment où il a parlé de métier. Ça ne t'intéresse pas d'en parler, tu sais déjà ce que tu feras, ta voie est toute tracée. «
Peut-être devrais-je torturer une ou deux familles, enfants compris, comme vengeance.. » Tu as posé le parchemin pour l'échanger avec ta baguette que tu tournes dans tes mains comme une arme. Il ne rit plus, tu peux sentir son regard surpris se poser sur toi et t'examiner. Tu ne pensais pas ces mots à voix hautes, ils auraient dû s'échapper avec le vent. «
Nova, l'ordre ne rentre pas dans ces.. Tu vas bien ? » Tu sursautes au contact de sa main sur ton épaule. Tu te retournes pour le regarder de tes yeux bruns et lui souris calmement. Tes traits se détendent, tes pupilles se dilatent lentement en examinant son visage. «
Guérisseuse, apprendre comment soigner et être utile. Directeur, c'est bien aussi, du département des accidents et catastrophes magiques ! Nous pourrions ainsi coopérer dans le futur, qu'en dis-tu ? » Tu le pousses gentiment avec ton coude, la brise chaude de l'été réchauffe ton être. Assis sur l'herbe devant le château, le moment semble intemporel, tu aimerais que cette image se fige. «
Qui aurait cru, quatre ans plus tôt, que nous en serions là aujourd'hui.. Destinés à se suivre même dans nos futurs boulots ! » Tu lâches un petit cri d'indignée. Il disait cela comme si être avec toi était une plaie, une tâche difficile, le treizième travail d'Hercules. «
Tu peux au moins te vanter d'avoir un canon à tes côtés mon cher. Intelligente, drôle, avec un patronyme connu et particulièrement douée au quidditch qui plus est. » Il éclate de rire, peut-être trouve-t-il très modeste avec ces affirmations, loin d'êtres fausses. «
Mouais au moins tu n'as pas perdu ton sens de l'humour toi. » Tu te mords la lèvre inférieure et poses ta tête sur ses genoux, le regard admirant le paysage pour peut-être la dernière fois. La nostalgie envahit ton âme, cette école te manquera, tu t'y es intégrée plus vite que tu ne le pensais. «
Nova ? » Tes yeux avaient commencé à se fermer. Bercée par le bruit de l'eau, la caresse du vent et le chant des oiseaux. La chaleur s'émanant de lui t'offrait un cocon réconfortant dans lequel tu pouvais te laisser aller. Tu ne réussis à produire qu'un grognement pour toute réponse. «
Nous affronterons ce monde d'adultes ensemble, n'est-ce pas ? » Tu te relèves brusquement, passant une main dans tes cheveux pour les remettre en ordre. Tu t'éclaircis la gorge, lui lance un regard aguicheur. «
Cela serait-il une demande en mariage ? C'est vraiment la pire que j'ai entendue de ma vie. » Un parchemin vient te frapper en pleine figure et t'arrache un gémissement à peine audible. «
Aberrations que voilà ! Que je ne vous entende plus prononcer ces mots ! Et maintenant dormez princesse bulgare, profitons de cette brise une dernière fois. » Tes yeux se referment, tu te laisses tomber sur l'herbe, t'abandonnant aux songes.
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«
Ne traitez pas vos patients comme des patients, traitez les comme des sorciers qui méritent tous le respect. » Ta plume parcourait le parchemin, écrivant chaque mot prononcé, gravant tes cours dans le papier. Obtenir ce travail avait été facile, avec tes notes tu pouvais même te permettre de viser plus haut. Mais ta passion, ton envie d'aider les autres avait été plus forte. En te voyant, qui penserait que tu romprais ton serment de sauver des vies ? Qui penserait que tu n'aurais aucun mal à en prendre pour ce qui te semble être la bonne chose à faire ? «
Nous ne faisons pas de distinctions, tout manquement à cette règle aura des conséquences. » Tu ne peux t'empêcher de sourire en coin. Tu ne ferais jamais de mal à un sorcier à cause de son statut, tu n'as aucun droit. Tu le fais à cause de ses idéaux, à cause du malheur qu'il a engendré, des meurtres qu'il a commis et des familles qu'il a brisé. Ton métier de guérisseuse t'offre une couverture parfaite, envers le monde, envers l'ordre. Tu les as rejoint le jour où tu as terminé tes études. Tu en as longuement parlé avec ton père, avec tes amis qui étaient déjà liés. Tu ne l'as pas pensé deux fois, tu veux que justice soit faite.Tu veux une justice oui, mais pas une justice douce. Une justice par le sang. Tu veux rendre la pareille, peut-être même faire pire. Ton but est qu'ils apprennent, qu'ils retiennent la leçon. Tu sais que le monde ne se changera pas d'un coup de baguette, que tes actions seront jugées, que tu ne vaux pas mieux. Mais tu veux essayer, pour venger ceux qui ne méritaient pas autant de misère dans leur vie.
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Tu baisses ta baguette, lentement, puis tu t'approches du sorcier au sol. Tes pas résonnent dans le hall, se mêlant à sa respiration faible, ses gémissements de douleur qu'il ne pouvait contenir. «
Ça fait mal, n'est-ce pas ? » Tu lui tournes autour, tel un requin encerclant sa proie, prêt à la dévorer d'une traite. Elle bouge, ta proie, elle tend une main vers sa seule arme, sa baguette non loin d'elle qu'il touche de ses doigts. «
Petrificus totalus ! » Il se raidit, paralysé par la malédiction. Tu te saisis vivement de sa baguette pour la briser en deux, pour l'écraser devant lui avant d'en faire de même avec sa main. Il ne peut hurler, sa mâchoire est bloquée, mais il te regarde avec insistance. Tu t'accroupis devant lui, ce sourire pervers sur ton visage. «
Diffindo ! » Meurtrier, il mérite pire que ça, bien pire. Une éternité de souffrance ne pourra jamais payer le mal qu'il a causé par ses crimes, les vies qu'il a réduites en cendres. «
Savais-tu que ma mère n'a plus jamais été la même après la disparition de son père ? Qu'elle a, plusieurs fois, essayé de le rejoindre ? Tu sais pourquoi ? » Tu fermes ton poing pour le frapper, un coup sec. Tu n'as pas beaucoup de forces, tu es petite, tu es mince, mais ton envie de faire du mal les décuple. Tout comme un endroit fermé décuple ta peur. «
Toi et tes acolytes, foutus mangemorts, vous méritez tous de crever ! Endoloris ! » Tu pleures, tu ne peux le contrôler. Ton âme est touchée et elle saigne. «
Il n'y a pas un jour, pas une minute qu'elle ne s'inquiète, que l'on s'inquiète. Vous l'avez rendue folle ! » Tu lances plusieurs sorts sur l'homme impuissant, pleine de la rage et de la rancœur qui consument ton être. «
NOVA ! » Tu te retournes surprise, tu avais totalement oublié qu'il était là, pas très loin. Il arrive en courant, haletant, le visage rouge. Tu ne voulais pas qu'il voit ça. «
Arrête ! Qu'est-ce que tu fais ? » Tu baisses les yeux, honteuse. «
L'ordre s'en va, Nova qu'est-ce qu'il t'arrive ? » Les larmes continues à couler, tu éclates en sanglot en t'effondrant dans ses bras. «
Je suis désolée, s'il-te-plait pardonne moi » Tu lèves à nouveau ton arme, prête à mettre fin à tout ça pour qu'on ne te découvre pas. «
Avada kedavra ! » Pétrifié, il n'avait produit aucun bruit, aucun son. Si cela n'avait tenu qu'à toi, tu l'aurais torturé plus longtemps, tu te serais défoulée même, mais tu ne pouvais te permettre de faire subir ça à Eden. Eden, il te regardait les yeux ronds, le souffle court. Tu voyais sur son visage qu'il avait envie de fuir, de partir. Jamais auparavant il ne t'avait vu agir ainsi, tu as toujours été l'élève studieuse aux blagues si nulles qu'elles arrivaient à faire rire les autres. Tu le retiens, tu l'empêches de fuir et lui implantes de faux souvenirs. Il ne peut pas se souvenir de ça, il te laisserait tomber et tu as besoin de lui pour ne pas complétement sombrer. «
Eden, Nova ?! » C'est un membre de l'ordre, affolé. Il vous regarde avant de fixer le corps. «
On n'a rien pu faire, il était déjà mort » «
On venait prévenir, il n'y a personne d'autre ici » Il vous fait signe de venir vers lui et vous quitter l'endroit rapidement, sans un regard en arrière.