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 Misery machine Δ LIESIAN

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Liesa Praskovia
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Liesa Praskovia

› inscription : 06/08/2014
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MessageSujet: Misery machine Δ LIESIAN   Misery machine Δ LIESIAN EmptyVen 8 Aoû - 15:36

Putting Holes In Happiness
Liesian


La douleur te transperce les tempes alors que tu appuies une main frêle sur le carrelage délabré de ta salle de bain. Tu laisses le jet d’eau tenter en vain de te retirer cette douleur, la nuque raide, penchée en avant. Les yeux fermés tu essayes de te rappeler de ta nuit passée. Dans quels bras as-tu été encore te perdre ? quelle merde tu as encore ingurgité ? Quel pognon tu as gagné en trémoussant ton cul en balayant d’un geste ta faible fierté ? Peut-être as-tu agressé des gens, les as-tu insulté, méprisé, comme à ton habitude sous l’effet des substances qui ne niquent un peu plus la tête. Un soupire s’échappe de tes lèvres alors que tu regardes l’eau clair disparaître dans le siphon, emportant avec elle les quelques brides de souvenirs que tu peines à te remémorer. Tu regardes tes longs cheveux corbeaux mouillés, abîmés par l’absence de soin. Ils sont trop long tu le sais, mais l’idée d’aller chez un coiffeur pour te laisser dorloter te rebute. Tu ne veux pas que l’on s’occupe de toi, tu ne veux pas voir ce regard emplit de compassion et de pitié quand ils verront tes yeux éteints, les cernes profondes qui les soulignent. Tu ne veux pas être obligée de raconter encore et encore l’histoire de la pauvre petite fille enfermée par son père dans une cave parce qu’elle était retardée. Tu n’es pas fragile, tu n’as besoin de personne. Tu finis par redresser doucement la tête en grimaçant, éteignant l’eau avant de sortir de la cabine de douche. Attrapant une serviette, tu t’enroules dedans avant de faire face à ton reflet. Tu te trouves laide, insignifiante, trop maigre, trop marquée par les coups que tu as prit dans la gueule. Tu n’as pas l’air d’avoir vingt deux ans, non pour toi tu es une vieille femme, bien trop vieille, de celles qui ont fait la guerre et qui sont fatiguées de porter leurs casseroles, celles qui se disent qu’elles ont suffisamment vécu, qu’elles peuvent partir sans regrets. Toi tu es plus la vieille femme bourrée de regrets et d’amphèt’ qui est fatiguée de voir ce que la vie peut offrir. De la merde en boîte, rien de plus. Tout le reste te semble dérisoire, éphémère, fragile. Tu déglutis et termine ta toilette avant de quitter la salle de bain. Tu arrives directement dans ta chambre, qui te sert aussi de salon et de cuisine. Tu vis dans un minuscule appartement, tu n’as pas les moyens de t’offrir plus, et de toute façon qu’est-ce que tu foutrais d’un trois pièces avec balcon ? tu vis seule, tu ne dors pratiquement jamais ici, vivant la nuit, tu te retrouves à découcher dans le lits d’inconnus, chaque jour. Puis tu rentres ici, tu te laves, et tu repars bosser. C’est ça ta vie. La drogue te fait tenir, tu t’alimentes du strict nécessaire n’y trouvant aucun plaisir. Tu es un déchet de la société, une erreur cachée dans son petit terrier qui n’ose sortir le bout de son nez que la nuit. Tu n’es pas la plus à plaindre alors tu ne dis rien, tu ne vis plus, tu survis. Tu suis le court au jour le jour sans savoir de quoi sera fait demain, pour toi il n’y a jamais de demain. Tu lèves les yeux et observes les formes presque humaine qui se tiennent devant toi, dans le coin de la pièce. Tu les vois se mouver, t’appeler, te narguer pour te rappeler que tu es totalement cinglée. “Cassez-vous putain” tu parles toute seule comme à ton habitude mais les formes ne bougent pas, elles sourient. Tu pousses un nouveau juron avant d’attraper tes sous-vêtements que tu enfiles sans te soucier de savoir s’ils vont ensemble. Puis ton jean, puis ton tee-shirt et enfin ta veste en cuir. Rien d'affriolant, tu ne cultives aucun style, tu te calques sur les autres, sur l’absence de personnalité. Tu attrapes tes clés, tu vérifies que tu as ton nécessaire de survit dans ton sac à bandoulière avant de quitter ton clapier à lapin. La fraîcheur du soir t’arrache un frisson alors tu remontes le col de ta veste, baissant la tête alors que tu t’engages dans la foule. Tu évites soigneusement de toucher les gens, tu regardes aux alentours, ne sachant pas qui est réel et qui ne l’est pas, tu ne veux pas y penser.

Tu sors un paquet de cigarettes de ta poche, en allumant une pour tenter de détendre tes nerfs comme chaque fois que tu te retrouves confrontée aux gens. Tu ne mets pas très longtemps à atteindre l’allée des embrumes, tu ignores les regards lourds de sous-entendus des personnes que tu croisent. Certains te connaissant et surtout connaissent ton métier. Tu pourrais te faire tatouer sal*pe sur le front qu’ils ne te regarderaient pas différemment. C’est ce que tu es après tout. Terminant ta sucette à cancer, tu la jettes sans plus de cérémonie avant de pénétrer dans la moiteur du club. La musique fait pulser ton sang alors que tu balayes la salle du regard. Il y a du monde, comme chaque week-end. “Liesa viens ici. Ce soir tu es réservée pour le carré VIP, il y a un enterrement de vie de garçon alors je veux que tu mettes le paquet. Nu intégral et si besoin le reste, pas besoin de te faire un dessin. Et vas te maquiller tu ressembles à un cadavre.” Tu hoches simplement la tête avant de prendre la direction des vestiaires. Tu ignores les autres filles, allant te poster devant un miroir. Tu n’as pas envie, tu le sais, mais tu ignores même ton propre ressentit, ta propre honte. Tu te contentes de répéter les mêmes mouvements, chaque jour, dans un éternel recommencement de ta descente aux enfers. Tu prends le maquillage, et tu te transformes. Tu fais plus âgée, plus assurée, tes yeux clairs sont mis en relief par le noir charbonneux de ton liner, tu sembles avoir meilleure mine grâce à la magie de la poudre bronzante et du blush, tes lèvres reprennent des couleurs grâce au gloss pailleté. Tu n’es qu'illusion, comme tout ici. L’illusion de la jeune femme fière de son corps, de sa beauté, une fille presque pimpante et heureuse alors que tu meurs un peu plus à chaque seconde. Tu sors de ton sac une petite boîte en métal. Tu l’ouvres et en sors un sachet remplit de poudre blanche. Tu dessines soigneusement trois lignes de poudre sur ta coiffeuse avant de les sniffer avec précaution. Tu sens les effets te pourrir le cerveau, annihilant ta douleur, embrumant ta souffrance pour ne laisser de toi qu’un corps sans vie, se mouvant par réflexes. Tu ne vois plus rien, tu ne ressens plus rien, tu n’es plus rien. Tu ranges ton matériel avant d’enfiler ta tenue aussi obscène que ce que tu vas en faire avec. Tu es prête à rentrer sur scène. Sans un mot pour tes camarades, tu te sens flotter jusqu’au carré VIP dont tu ouvres les rideaux d’un geste sec pour faire face à une dizaine d’hommes qui ne manquent pas de te siffler à ton entrée. Tu n’y fais pas attention. Tu vois le futur mari assit au centre sur une chaise et lui adresse un petit sourire alors que tu attrapes sa cravate avant de le relâcher, te tournant vers la barre. Tu n’attends pas bien longtemps avant de faire monter la température, jouant de tes courbes, t’effeuillant au fur et à mesure de la musique, usant de la barre avant de venir aguicher le futur mari sous les regards envieux de ses camarades. Tu sens très clairement son envie au niveau de son entrejambe mais tu ne fais aucune remarque, après tout tu ne peux pas lui en vouloir c’est humain, chimique. Assise à califourchon sur lui, tu le laisses te peloter alors que ton regard inspecte les autres mâles, ils sont flous, la drogue anesthésiant tes sens. Mais tu en reconnais un. Son visage, son regard, tu n’arrives pas à te souvenir, tu n’arrives pas à te concentrer alors tu reviens à la chose que tu sais faire le mieux, te détruire, reportant ton attention sur ton client en dégrafant ton soutien-gorge.


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Cian McLaggen
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Cian McLaggen

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MessageSujet: Re: Misery machine Δ LIESIAN   Misery machine Δ LIESIAN EmptyDim 10 Aoû - 19:36

Misery machine
Liesa & Cian


Un café entre les mains, résistant difficilement à la tentation d'y ajouter quelques gouttes de whiskey pur-feu, j'écoute mon collègue plus qu'enthousiaste m'expliciter ses plans pour la soirée à venir, celle qui devait marquer l'enterrement de sa vie de garçon. Je voile comme je le peux ma détresse, les souvenirs qui m'envahissent quand moi, je savourais le mien pour me lancer précipitamment dans un amour qui ne dura que sept ans. Sept années de malheur, peut-être. Sept années de mensonges, sept années de stupidité. J'ignore comment les qualifier. Aujourd'hui, je considère mon mariage non seulement comme la plus grosse déception que j'aurais pu avoir à souffrir, mais également comme une perte de temps, un trophée de mon imbécillité à toute épreuve. J'aurais dû le voir venir, j'aurais dû augurer cette odieuse tromperie. Pourtant, mon cœur, mon âme, vociféraient que Dyan n'aurait jamais pu faire ça. Elle savait que me tromper était la pire chose qu'elle pouvait m'affliger, que j'avais bien assez souffert des infidélités de mon père pour un jour lui ressembler, et pour un jour pouvoir le surmonter dans ma propre vie privée. Toutefois, la jeune femme avait su s'emparer de la pire arme qu'elle possédait contre moi, que j'avais déposé à ses pieds dès le début de notre relation, pour m'implanter cette dague en plein cœur. Je m'interrogeais sur son amour, je me questionnais sur les raisons qui l'avait poussée à commettre un tel acte. Si elle m'avait jamais aimé, jamais n'aurait-elle pu me faire ça. C'était bien trop destructeur pour pouvoir imposer ça à quelqu'un que l'on aime.

Je n'avais jamais confié à qui que ce soit au travail que j'étais divorcé, bien que maintenant cela faisait presque deux mois. Le matin suivant la nuit où j'avais surpris Dyan dans les bras d'un autre, souillant notre lit, annihilant notre affection, de cette infidélité hideuse, j'étais retourné au travail. J'avais une mine cadavérique, alarmante, une démarche terrifiante, pourtant, personne n'avait jamais su ce qui s'était passé, cette fois-là. J'avais su étouffer cette tare dans mon existence et faire de mon statut civil un secret, un non dit.

Mon collège évoquait les strip-teaseuses, le lieu de notre rencontre. « L'allée des embrumes, même si c'est pas le mieux, c'est là qu'on trouve les meilleurs endroits pour tu-sais-quoi. » Je souris sans joie, alors qu'il y avait quelques semaines je me demandais encore si je devais avouer ou non les véritables plans de mon ami pour célébrer sa dernière nuit en tant que célibataire à ma femme, aujourd'hui, je n'avais aucunement le souci de devoir supporter une Dyan rongée par la jalousie. J'ignorais si cela me faisait plaisir ou pas, néanmoins.

Lorsque mon dernier quart de travail s'acheva enfin, je m'orientais vers le petit appartement dans lequel je m'étais installé suite à ma séparation avec la Serpentard. J'avais beau avoir conservé notre appartement, celui qu'on avait qualifié de notre petit nid douillet, celui qui avait marqué le début de notre relation en tant que couple adulte, indépendant, celui qui avait ouvert un chapitre que je n'avais su voir qu'heureux et splendide ; il m'était impossible d'y demeurer plus d'une seconde. J'avais même souhaité y mettre le feu, et uniquement ma sœur m'avait empêché de commettre le délit. Las, je me déshabillais, laissant mes vêtements de travail inertes sur le sol. Alors que jadis, j'avais été ordonné et propre comme un sou, aujourd'hui, j'étais négligent. Je me positionnais sous la pomme de douche, avant de laisser couler une eau lunatique sur ma peau. D'abord glaciale, puis brûlante. Je soupirais, avant de militer contre les robinets et prendre ce qui semblait être ma vie en main. Je devais cesser de me laisser aller à ces moments de déprime, qui apparaissaient généralement lorsque je rentrais chez moi, loin du regard inquisiteur de qui que ce soit. Je me devais de ne rien attribuer de mes états d'âme à Dyan. Et être misérable à cause de sa tromperie, était lui offrir quelque chose que je refusais de la voir m'ôter. Elle m'avait déjà bien trop volé. Ma vie, mon cœur, ma confiance.

J'attrapais une tenue élégante qui suivait les directives de mon collège ayant souhaité que ses camarades soient vêtus plus ou moins de la même manière. Ainsi, me voilà vêtu de noir de la tête au pied, comme si je me rendais à un enterrement bien plus macabre que celui qui se devait d'appeler à la débauche, à l'alcool, au plaisir. Douce ironie, de la part de mon ami. Je faufilais ma baguette magique dans une des poches arrières de mon pantalon puis sortais de mon appartement, m'orientant sans anxiété aucune vers la redoutable allée des embrumes. Un autre point de ma rupture avec Dyan, celle-ci m'avait offert un semblant d'invulnérabilité. J'étais devenu beaucoup plus fonceur, plus téméraire que je ne l'avais jamais été. Alors que plus tôt, j'aurais été alerte dans les rues malfamées du quartier sorcier, désormais, j'estimais que la vie m'avait offerte bien trop d'amertume pour qu'une nouvelle mésaventure ne m'assène.

La soirée avait débuté depuis une bonne vingtaine de minutes. Le whiskey pur-feu coulait à flot, ainsi que d'autres alcool divers et variés, inventions de la boîte audacieuse. L'estime que j'avais du célébré montait en flèche quand j'apprenais que l'alcool était gratuite pour ses invités, et bientôt, nous nous installâmes dans le coin VIP, en attente de la surprise qui avait exalté mon collègue depuis ce qui semblait avoir été le jour de ses fiançailles. Bientôt, les rideaux sombres s'ouvrirent, une strip-teaseuse se glissant, féline, entre les jeunes hommes présents, pour ensuite s'attarder à la star de la soirée. Je m'enfonçais plus confortablement dans mon fauteuil, me laissant rire et plaisanter en compagnie des autres invités, englobant mon whiskey à grandes gorgées. Alors qu'un de mes interlocuteurs s'esclaffait de rire en décrivant avec envie la strip-teaseuse, je lui apportais bien plus d'attention. L'analysant méticuleusement, la dévorant des yeux, recherchant contre ma volonté des similarités avec le corps svelte de Dyan, je finis par lever les yeux sur le minois de la jeune femme qui avait presque des allures adolescentes, avec son corps si fin, couverts presque pudiquement de ses cheveux si longs, si sombres. L'image d'une sirène me venait irrésistiblement en tête, et ce n'est que lorsque je croisais son regard confus que je la vis vraiment. Liesa.

« Putain. » Je m'étouffais, le whiskey remontant dans ma gorge, acide. Je plaquais une main contre mes lèvres alors que les autres hommes riaient de bon cœur, me qualifiant d'ivre précoce. Un fin sourire étira mes lèvres tandis que je détournais le regard, ne voulant croire l'affreuse vérité se déroulant, persécutrice, devant mes yeux. Mon échec cuisant, ma volonté détruite, la Liesa que j'avais tant voulu soigner, mais qui avait finit par fuir. J'avais essuyé ce que j'avais ressenti tel un abandon, mais surtout je m'étais damné pour avoir été si long à la guérir. Si j'avais été plus intelligent, plus expérimenté, plus inventif, peut-être aurais-je pu l'aider dans les temps qu'elle m'avait autorisé de sa vie. J'avais été trop lent, je m'étais senti si coupable, si vain. Et pourtant, j'avais su faire ce qui me semblait demeurer un véritable deuil, j'avais su voir en d'autres patients des Liesa que finalement, je soignais. Des parts de la jeune femme que j'aidais, même si elles résidaient en d'autres malades. Un puzzle que je composais, armé d'un obscur espoir. En effet, pendant un moment, j'avais espéré qu'elle revienne, mais jamais n'avait-elle su retrouver son chemin vers moi. Et voilà qu'elle dansait langoureusement à quelques mètres seulement de ma personne, éveillant solidement la masculinité de mon collègue. Je finis par me redresser, annonçant que je me rendais aux toilettes, pour m'y orienter promptement et m'observer férocement dans le miroir. Une détermination de tirer Liesa de cette situation m'enlaçait, pourtant, je n'avais aucun désir de ruiner la soirée de l'homme que je côtoyais quasiment sept jours sur sept. Et surtout, de quel droit pouvais-je m'interposer dans les choix existentiels de la jeune femme ? Qui étais-je pour juger son mode de vie ? J'inspirais profondément, posais une main sur mon front brûlant par l'alcool que j'avais ingurgité, pour me retourner et tomber nez-à-nez avec celle qui n'occupait désormais plus que mes pensées.

« Liesa » soufflai-je, m'imposant de ne pas regarder davantage sa tenue, ou devrai-je dire, sa nudité. Mais j'avais déjà tout vu. Ses formes, ses défauts qui infusaient son charme, ses intimités qui faisaient ériger n'importe quel homme, moi y compris. Je soupirais, ignorant que faire. Que dire. J'avais envie de m'excuser, comme le souhait de l'emmener loin d'ici et la ramener dans une chambre d'hôpital qu'elle avait jadis refusé m'enflammait. J'avais envie de l'interroger sur ses raisons, sur les milliers de questions sans esquisse de réponses que je m'étais posé après son départ. Non seulement ce que j'avais pu tenter pour la soigner, mais aussi ce que j'avais pu faire pour qu'elle me fasse confiance. Assez confiance pour laisser sa santé entre mes mains. Elle avait tant changé, les méandres de la vie l'avait écorchée vive, je pouvais bien le voir malgré les subtilités de son maquillage, de ses subterfuges féminins. Elle était beaucoup plus maigre, ses cheveux bien moins soigneux, son regard avait perdu toute vie. Je me sentais dans nul droit de lui demander quoi que ce soit, néanmoins. Ni comment elle allait, ni pourquoi elle faisait ça, ni pourquoi elle était là. Car après tout, j'avais faillit autant qu'elle, si ce n'était plus. Ainsi, je me contentais de la fixer, avide que ce soit elle, la prolixe du duo, buvant déjà ses silences, bien que redoutant autant que désirant ardemment ses hypothétiques futures paroles.

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Liesa Praskovia
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Liesa Praskovia

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MessageSujet: Re: Misery machine Δ LIESIAN   Misery machine Δ LIESIAN EmptyLun 11 Aoû - 16:21

Putting Holes In Happiness
Liesian


Tu sens la drogue embrumer peu à peu tes sens, te coupant de cette réalité que tu exècres. Tu ne veux plus sentir, tu ne veux plus voir ce que tu t’apprête à faire. Quelque part tu te dégoûte pour tout cela, et d’un autre tu sais que c’est tout ce qu’il te reste. Cette poudre blanche, cette boîte, ton corps, ta solitude. Tu ne cherches plus vraiment autre chose te complaisant dans cette débauche et cette merde qui sont devenus tes alliés du quotidien. Alors tu te lèves dans cette tenue que tu hais qui cache à peine le corps fêle que tu traines comme une pauvre carcasse. Tu inspectes ton visage peinturluré de maquillage pour masquer tes cernes, ton visage creusé par tes excès. Tu ignores les choses que tu vois danser devant tes yeux, tu ne sais plus si tu dois passer à travers ou les contourner, s’il s’agit de la réalité ou de TA réalité, la fausse, la malade, la cancéreuse en instance de disparaitre. Tu te vautres dans les effets anesthésiant de la coke, t’abrutissant le cerveau afin de laisser tes pieds haut perchés sur des talons te mener vers ton banc de pendaison. Tu te glisses dans le carré VIP accusant les regards lubriques des hommes présents. Au final tu les remarques à peine, tu es stone, ailleurs. Tu bouges lascivement ton corps par réflexe, suivant le tempo de la musique, tes mains glissant sur ton corps afin de faire sauter les quelques vêtements que tu portes. Tu n’écoutes pas les remarques, les sifflements, les phrases glaveuses, tu ignores la virilité tendue de ton client contre ta cuisse alors que tu bouges sur lui de façon ostentatoire. Tu ressembles à une gamine prête à se briser en deux mais ils ne remarquent rien. Ils ne remarquent que ton corps offert, celui que leurs femmes ne peuvent plus leur offrir à cause de l’âge, des enfants, de la vie, la vraie. Tu es l’objet de décoration qu’ils aimeraient avoir au-dessus de la cheminée, le dépoussiérer de temps en temps pour l’admirer avant de finir par le jeter dans une brocante. C’est ça, tu n’es qu’un objet mais tu t’en contre-fou, tu n’es plus dans cette réalité-ci. Tu sens les mains avides de l’homme passer sur tes fesses, ton dos, tes seins, tu le laisses faire à ta guise alors qu’un bruit attire ton regard clair. Tu observes un homme s’étouffer avec sa boisson alors que ses compères le félicitent bruyamment. Un ivrogne sans doute. Tu les considères tous comme des ivrognes, des frustrés, des pervers. Tu leur crache dessus quand ta raison te revient, quand tu réalises une fois de plus ce que tu as dû faire pour gagner quelques misérables billets verts. L’homme se lève et s’en va. Tu rebaisses le regard sur ton client qui a pratiquement le nez dans ta poitrine alors que tu tires d’un geste sec sur ses cheveux pour le faire basculer en arrière. Il rigole, les autres aussi. Tu ne sais pas combien de temps s’écoule, tu as le temps de finir en petite culotte quand ton client te frappe copieusement sur la fessée t’arrachant une légère grimace. « Ma jolie veux-tu bien aller chercher notre ami aux toilettes, mon petit doigt me dit qu’il a besoin de douceur féminine. » Il rit de nouveau mais tu ne comprends pas son allusion, en fait tu ne comprends plus grand-chose à ce stade-ci et quelque part sa demande t’arrange. Tu as besoin de te repoudrer le nez si tu veux aller plus loin dans la soirée avec cet homme. Tu hoches la tête et ramasse ton soutien –gorge avant de sortir du carré. Tu passes devant le gérant, Thiago qui t’adresse un sourire bienveillant avant que tu ne pousses la porte des toilettes pour homme. Et tu le vois, le visage tourné vers le miroir. Il semble malade, certainement l’alcool. Tu le laisses se tourner vers toi et tu sens son regard fuyant glisser sur ton corps dénudé. Tu ne bouges pas, tu le laisses t’inspecter, comme de la marchandise. Toi tu te contentes d’observer ses yeux, si familier et pourtant si inconnu, tu ne parviens pas à te concentrer, à fouiller dans ta mémoire ankylosée par la coke. « Liesa. » tu entends vaguement ton prénom comme un murmure qui te parvient de loin. Tu ne sais pas quoi penser, tu n’y parviens pas et tes yeux dévient l’espace d’un instant à côté de lui, observant cette masse noir presque solide qui s’échappe du mur, qui semble se mouver en forme humaine.

Tu la regarde sans broncher sachant que tu ne peux te fier à ce que tu vois, avant de reporter ton semblant d’attention sur cet inconnu si familier. « A votre service monsieur. » ta voix est neutre, dénuée de tout sentiment, de toute vie. Tu ressembles à une machine conditionnée pour ce genre de chose. Tu le sens mal à l’aise, tu n’aimes pas sa façon de te regarder, comme s’il te couvait. Tu vois cette pitié au fond des yeux, une pitié que tu as toujours fuit mais qui te pourchasse dès que les brides de ton passé sont révélés. Ta mâchoire se contracte alors que tu sens peu à peu les effets de la drogue se faire annihiler par ta colère. Tu clignes des yeux alors que tes yeux se perdent dans l’étendu qu’offre le regard de cet homme. « On se connait ? » tu essayes de te remémorer, un ancien client ? Un ancien amant ? Tu n’arrives à le positionner dans aucun des contextes, tu n’arrives pas à le ranger dans tes petites cases jusqu’à ce que ça te frappe. Exactement là, comme un coup de poing en plein visage. Son cabinet, sa voix, son épaule, ses médocs, sa patience, son espoir ridicule, sa foi en ta guérison, son sourire, ce regard. Tu te sens souillée, honteuse, à nu alors que tu recules légèrement d’un pas avant de totalement te détourner « Vo-votre ami vous attends. » Tu ne tardes par à ouvrir la porte, te glissant de nouveau dans la salle bondée, étouffante. Tu as chaud, trop chaud. Putain mais qu’est-ce qu’il fout ici, après tout ce temps. Il est marié non ? Tu ne pensais jamais le revoir et certainement pas dans cet endroit qui te sert justement d’abris contre les gens comme lui. Ces gens trop bien, normaux, bourrés d’espoir et de bonté. Tu ne veux pas le voir, tu ne veux pas l’écouter, tu ne veux pas de ces questions, tu veux de la drogue, tu veux te niquer la tête jusqu’à l’inconscience, jusqu’à l’oubli, c’est ça que tu veux. Mais tu retournes dans le carré VIP où les hommes t’accueillent avec envie. Tu les vois maintenant, tu vois leurs visages, leurs regards, leurs triques, leurs mains, leurs cœurs, tout cela te frappe au visage alors que tu déglutis ta salive t’approchant de l’homme roi. « J’ai failli t’attendre ma jolie, Ah McLaggen ! Je vois que la demoiselle a eu les bons beaux pour te faire revenir on pensait que tu étais tombé dans le trou ! » McLaggen. Docteur McLaggen. Cian McLaggen. Tu étouffes, tu as envie de vomir, de fuir une nouvelle fois. Ton regard reste rivé sur l’homme en dessous de toi mais tu sens le sien te brûler l’épiderme. Tu n’arrives plus à bouger, à respirer alors tu te redresses, tentant en vain de sourire à l’homme. « Je reviens dans deux minutes mon chou » Tu n’as plus cette voix neutre, ce regard faussement assuré, tu ressembles à un animal pris au piège alors que tu te glisses hors du carré, t’approchant de Thiago « Je prends dix minutes de pause. » « Tout va bien Liesa ? » « Je…oui, juste besoin de, tu sais, pour être au mieux, il est insatiable ce mec. » Tu mens effrontément mais Thiago ne te dit rien, il ne te dit jamais rien en réalité, tu es la chouchoute, la gagnante de tous ces passe-droits que tu uses à outrance. Alors tu fends de nouveau la foule, passant devant le carré maudit pour te rendre en coulisse. Il n’y a personne, les autres filles ne prennent jamais de pause, ça fait perdre de l’argent. Tu profites de cette solitude retrouvée, tentant en vain de faire le vide dans ta tête. Tu étouffes dans le peu de fringues que tu portes, te sentant serrée, lacérée par ce soutien-gorge. Tu peines à respirer alors que tu sens des perles de sueur glisser sur tes tempes. Tu fais une crise de panique mais tu n’arrives pas à te calmer alors que tu te jettes sur ton sac en essayant de trouver ta boite en fer. Tes mains tremblent mais tu parviens à la saisir, te redressant. Il est là. Devant toi encore une fois. La boite t’échappe des mains alors que tu recules comme s’il représentait la mort elle-même. Tu te dégoûtes dans son regard alors que tu portes ta main à ton cou tentant vainement de retirer cet étau invisible qui t’oppresse et t’étouffes.

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Cian McLaggen
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Cian McLaggen

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MessageSujet: Re: Misery machine Δ LIESIAN   Misery machine Δ LIESIAN EmptyVen 15 Aoû - 2:39

Misery machine
Liesa & Cian


Elle représentait cette plaie qui s'était mal guérie, qui avait l'air tout à fait ordinaire à l'extérieur, mais qui avait su pourrir en surface. Elle composait ce membre fantôme, que je me traînais depuis des années, un regret, un remord, des non dits, des interrogations, un jeu des « si » sans fin. Je regrettais Liesa, même si elle avait constituait ma plus grande leçon. Ne jamais s'attacher à un patient, ne jamais prononcer la moindre promesse, aucunement devant le malade, mais encore moins à soi-même : celles-ci sont les plus assassines. J'avais toujours été un jeune homme déterminé, la médicomagie était faite pour moi. J'étais talentueux, j'étais dévoué. Néanmoins, j'étais également incapable de considérer les sorciers dans le besoin comme étant de simples cas, des pantins à qui offrir des potions, des herbes, suivant un protocole inculqué robotiquement, religieusement.

Liesa avait invoqué cette fraîcheur. Elle était différente, et mon chef avait eu assez confiance en moi pour me la confier. En réalité, j'avais lu en ses yeux une sorte de désespoir, il avait su coller sur son front une étiquette de « peine perdue » que j'avais trouvé injuste, que j'avais voulu ôter, arracher. Pourtant, sans doute avait-il eu raison. Je me blâmais plus qu'il ne la nommait responsable, toutefois. J'avais tant voulu lui rendre justice, la faire se sentir bien. Elle semblait tant le mériter, malgré les dires de tous mes autres collègues. « Tu n'aurais rien pu faire de plus. » « T'as déjà fait quinze fois plus que ce que je me serai cassé à lui faire ». « Elle était juste irrécupérable, il y a des patients comme ça, qui peuvent pas être guéris. Qui ne veulent pas l'être. » J'avais naïvement cru que j'aurais pu désirer sa guérison pour deux, pour elle. « Faut juste se faire à l'idée. »

Et la voilà désormais devant mes yeux. Elle semble perdue, elle semble ailleurs, elle semble emportée dans son monde si chaotique, si dangereux mais pourtant qui lui permet malgré tout de se lever chaque matin, d'affronter ses bourreaux, de tenir le coup. De ne pas périr de ce cocktail de sentiments acides qui la tiraillent dès qu'elle redescend sur Terre. « A votre service monsieur. » Ahuri, je demeure incapable d'articuler le moindre mot. Ça me fait de la peine, qu'elle ne me reconnaisse pas, de savoir que l'impact qu'elle a sur ma personne n'est pas partagé. Et la culpabilité m'enlace, m'étouffe. Si j'avais pu, si seulement, j'avais su. J'ai des élans de samaritains, j'ai envie de la kidnapper pour la sauver, l'enfermer dans une salle de soins comme si elle n'était qu'un rat de laboratoire, comme si elle ne pouvait plus jouir de ses droits et que c'était à moi de tout décider pour elle. Néanmoins, je n'avais aucun pouvoir sur elle, je n'en avais jamais joui ne serait-ce que d'un seul. J'étais une phase, un numéro, un échec.

La colère scintille soudainement dans ses yeux. Elle semble agacée, impatiente, mal à l'aise. « On se connaît ? » Un sourire compatissant, aimant, étire mes lèvres malgré moi. Oh Liesa, si tu savais. Mais valait-il mieux pas que je réponde à sa question. Sans doute devrai-je rester un souvenir effacé. J'avais sûrement déjà trop causé de torts comme ça. Après tout, je n'avais su faire le maximum du temps imparti qu'elle m'avait offert, j'avais failli contre la montre. Et même si manifestement personne n'aurait pu, ça ne me console pas. « Vo-votre ami vous attends. » Je ne branche pas, n'effectue le moindre mouvement. Elle se retourne vivement, ouvre la porte, s'enfuit. Me fuit.

« J’ai failli t’attendre ma jolie, Ah McLaggen ! Je vois que la demoiselle a eu les bons beaux pour te faire revenir on pensait que tu étais tombé dans le trou ! » Je ris à la plaisanterie, faisait écho à mes collègues, à mes amis. Toutefois, aucune joie ne parvint à s'extirper de mes lippes. Je me sens mal à l'aise à mon tour, je meurs d'envie de rentrer chez moi et fuir cette situation, mais je m'en empêche. Car une partie de moi demeure attachée, déterminée, vis-à-vis de Liesa, et l'autre ne veut pas ruiner cette soirée exceptionnel pour un ami de nombreuses années. Ainsi, je m'installe, j'arbore un masque tout juste créé. Je ris aux moqueries, aux remarques obscènes, je participe un peu aux conversations sur les femmes, les petites amies, les amantes, bien que je n'ai vraiment couché qu'avec une personne sur cette terre. « Je reviens dans deux minutes mon chou » Ses mots trouvent malgré tout un moyen de me parvenir. Je la suis du regard, aussi discrètement que possible, voilant ma curiosité par un rire faux. Puis, je me promets d'attendre quelques minutes, avant qu'elles ne se transforment en vulgaires secondes et j'interroge : « Ça dit quelqu'un d'aller s'en griller une ? » Je finis mon verre d'une traître, mon environnement s'embue légèrement. Je me concentre pour marcher droit jusqu'à la sortie. Je fais des jeux avec le destin : si Liesa se trouve encore sur ma route, je dois l'aider. Si je ne la croise pas, je dois l'oublier.

Je lève mes yeux sur la fille éprise d'une crise de panique, tentant fébrilement d'attraper une boîte métallique, telle une noyée qui tente de saisir une bouée de sauvetage. Je m'en approche, je la récupère moi-même, me doutant bien ce qu'elle referme. Je fixe Liesa, qui a de plus en plus de mal à respirer. J'ai du mal à me convaincre que cette situation se déroule vraiment, jusqu'à ce qu'un léger cri de panique s'émane de sa gorge et que je m'agenouille devant elle, lui faisant face, plongeant mon regard dans ses yeux océaniques. Une mer déchaînée, mais ironiquement si restreinte. « Prends de grandes inspirations, essaies d'emplir tes poumons autant que tu peux. » J'ai l'impression d'être totalement risible, avec mes conseils trop banals. J'ai le sentiment d'être hors-sujet, mais surtout : impuissant à nouveau. Je tente d'obtenir un contact visuel avec elle, en vain. « Liesa, Liesa. » J'essaie d'attirer son attention quelque part, de la reconnecter à la réalité, ou à une réalité moins pénible. « Liesa, il faut que tu te calmes. » Mon ton est plus autoritaire, plus tenace. « Respire, ne pense qu'à ça, ta respiration. Oublie le reste. » J'extirpe ma baguette magique et humidifie un papier mouchoir que je tamponne sur son front, prudent. « T'es pas obligée de continuer, si ça te met dans un état pareil. » Une pause, elle ne réagit pas. « Il y a d'autres solutions. Je peux t'aider à en trouver. » Je me redresse, ayant le sentiment que la jeune femme ait reprit le contrôle sur son angoisse. « J'ai toujours tout fait pour t'aider, n'est-ce pas ? » J'ai échoué, mais j'ai toujours donné mon possible pour n'obtenir que du positif. Je ne t'ai jamais vraiment fait mal, n'est-ce pas, Liesa ? N'est-ce pas ? N'est-ce pas... ? Je me recule de quelques pas, comme pour avoir une vue d'ensemble. Je me sens mal, j'ai l'impression de faire quelque chose d'incorrect, de franchir une ligne que je ne devrais ne serait-ce approcher. Je crains, autant pour elle que pour moi. J'ai peur de lui faire plus de mal. J'ai peur de me faire plus de mal. De quel droit je fais tout ça ? J'ai déjà un papier dans mes mains, sur lequel je griffonne une adresse. Pas celle de mon bureau à Sainte-Mangouste, la mienne. Une faute. Peut-être professionnelle. Est-ce en une maintenant qu'elle n'est plus une patiente ? Vais-je regretter ce geste ? Me fais-je du souci pour rien du tout ? Est-ce que je fais ça pour Dyan ? Ou pour moi ? Ou pour elle ? « Tiens. C'est à toi. » Je lui tends le bout de parchemin. Je roule de nouveau les dés avec le destin : si elle le saisit, elle veut de mon aide, si elle le refuse, je dois l'oublier. Vraiment l'oublier. Comme elle l'avait fait au tout début de notre rencontre. Je dois obtenir ce regard pour elle. Je lui tends également sa boîte métallique, sans chercher à savoir ce qu'il y a exactement à l'intérieur. Comme si je voulais instaurer une relation de confiance. Après tout, n'en avions-nous pas manqué ?
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MessageSujet: Re: Misery machine Δ LIESIAN   Misery machine Δ LIESIAN EmptyJeu 21 Aoû - 14:45

Putting Holes In Happiness
Liesian


Tu étouffes, tu suffoques à mesure que les secondes s'écoulent. Ta vue se trouble, tes sens s'affolent alors que tes mains se mettent à trembler dangereusement, ton palpitant frappant ta poitrine avec force menaçant de fracasser ta cage thoracique. Tu as envie de pleurer, de hurler, de ta frapper, de te griffer, tu ne sais pas, tu ne sais plus. Peu à peu tu sens tes pieds toucher le sol dur, l'air ambiant caressant ta peau moite, tu sais que tu reprends pied avec la réalité, une réalité que tu ne veux pas, que tu fuis depuis tellement d'années maintenant. Son visage, ses yeux, sa voix, tout te revient en mémoire, ces mois passés entre quatre murs à être observé à la loupe comme un monstre de foire, passant chaque jour une batterie de test plus absurdes les uns des autres dans l'espoir d'une pseudo guérison que tu n'auras jamais. Tu ne guériras jamais, tu ne seras jamais normale, tu ne seras jamais heureuse, jamais tu pourras comme tout le monde éteindre la lumière de ta chambre et dormir paisiblement. Le noir te tue, t'étouffe, tu ne dors jamais, tu t'effondres après l'ingestion de trop de drogues, d'alcool, épuisée par une séance de sexe brute, sans douceur, sans respect, juste dans l'espoir de t'oublier pendant quelques minutes éphémères. Tu ne veux pas le voir, tu ne veux pas te rappeler, tu veux fuir une nouvelle fois alors que tes mains tremblantes attrapent le saint graal, ta petite boite en métal détenant cette issue de secours morbide, destructrice. Certainement ton bien le plus précieux et c'est ça le plus triste. Mais la boîte t'échappe emportant avec elle ta raison et ton salut. Tu te sens sombrer, couler, mourir, le bruit métallique frappant le sol raisonnant dans ton crâne. Tu t'agenouilles pour la récupérer, ta visions se brouille par des larmes de rage, de peur, de fatigue. Tu peines à respirer, tu sens tes poumons se consumer dans ta poitrine, tu as mal, putain tu as tellement mal. Tu étouffes un sanglot alors que des mains saisissent ton bien avant toi. Non pas ça. Tu penses qu'il va te l'enlever, "pour ton bien" c'est-ce qu'il disait, après tout les drogues n'étaient pas autorisées à l'hôpital, il fallait te sevrer. Quelque part tu le sais que c'était pour ton bien, mais tu sais qu'aujourd'hui c'est une épreuve que tu ne pourras pas surmonter. Tu es faible, sans courage et sans aucune volonté de rédemption. Puis il rentre dans ton champ de vision, s'agenouillant à son tour face à toi. Tu évites son regard, tu ne vois pas le voir, tu ne veux pas être face à face avec le visage de ton échec, de l'espoir perdu, de la peine perdue que tu représentes, toi misérable gamine sans avenir. « Prends de grandes inspirations, essaies d'emplir tes poumons autant que tu peux. » sa voix, sa voix, tu ne veux pas entendre sa voix, tu ne veux pas entendre ses conseils, tu ne veux pas de sa gentillesse, de sa pitié, tu ne veux pas être aidé, à quoi bon bordel, à quoi bon perdre son temps. Tu serres la mâchoire avec force, fixant le sol en enfonçant tes ongles dans la paume de tes mains. Le surplus d'oxygène te donne la nausée. « Liesa, il faut que tu te calmes. » Sa voix se fait plus dur, ta ramenant une nouvelle fois dans cette pièce blanche, aseptisée. « Respire, ne pense qu'à ça, ta respiration. Oublie le reste. » Ta respiration se bloque et tu fermes les yeux, tu capitules et te concentres sur sa voix grave, elle a quelque chose d'apaisant, ça a toujours été ainsi, tu t'en souviens. Tu sens alors quelque chose d'humide et froid passer sur ton front, tu te crispes l'espace d'un instant avant de finalement relâcher la pression, essayes de contrôler ta respiration, tes ongles toujours enfoncés dans la paume de tes mains. Lentement tu rouvres tes orbes céruléennes, acceptant enfin le contact visuel que tu refusais à cet homme qui pourtant tu le sais n'a jamais cherché à te faire du mal, bien au contraire. Tu retrouves dans son regard la douceur qu'il te portait, contractant ton cœur violemment, mais tu y vois aussi autre chose. De la déception certainement. La déception de voir ce que tu es devenue des années après. Tu ne parviens pas à soutenir son regard et tu baisses de nouveau le tiens, le rivant sur la boîte métallique qu'il tient toujours dans sa main libre. « T'es pas obligée de continuer, si ça te met dans un état pareil. Il y a d'autres solutions. Je peux t'aider à en trouver. » Tu soupires longuement, mettant fin à ta crise bien que ton corps en pâtisse encore. Tu trembles, ton corps est couvert d'une fine pellicule de sueur et tu as froid maintenant. Tu lèvres une main pour essuyer les larmes qui avaient réussit à dévaler sur tes joues rouges, te fichant d'abimer ton maquillage surfait. Ses mots raisonnent dans ton crâne comme une douce litanie, martelant tes tempes déjà douloureuses. Son aide. Il veut encore d'aider, après toutes ces années, après l'échec cuisant de la première, il veut, il y croit, alors que toi tu ne croit plus en rien. Ou plutôt si, tu crois en la mort, tu crois en la souffrance, tu crois en toutes les merdes que tu prends, mais tu ne crois plus en l'espoir. Pourquoi s'acharnes-t'il ? pourquoi toi ? Il se redresse alors tu déglutis, enfermée dans ton silence, dans ta honte. Tu ne cherches même pas à te relever également pour te mettre sur un pied d'égalité, tu restes à genoux par terre, la tête baissée. Tu es pathétique ma pauvre Liesa. « J'ai toujours tout fait pour t'aider, n'est-ce pas ? » Tu ne sais même pas si tu dois répondre, si tu dois prendre part à cette réalité que tu hais. Tu gardes ton regard rivé sur tes mains tremblantes. Pour la première fois tu te sens à nue, mal à l'aise dans cette tenue bien trop légère, tu sens son regard pesé sur toi alors qu'il se recule de quelque pas certainement dégoûté de voir où ses efforts t'ont mené. Tu devrais lui répondre, le rassurer, tu crois que c'est comme ça que les gens bien fonctionnent. Il rassure les autres sur leurs compétences. Mais toi t'es pas une personne bien, tu ne sais même pas te comporter en civilisation, tu es un animal sauvage qu'on a foutu en plein dans la ville en espérant qu'elle s'adapte à son nouvel environnement. Il bouge et tu vois sa main te tendre vers toi. Un bout de papier. Il te tend un bout de papier, et ton graal. Tes sourcils se froncent légèrement. Tu ne te rappelles pas avoir écrit quelque chose, mais en même temps tu ne te souviens parfois même pas de ton propre prénom. Tu hésites mais tu finis par lever ton bras pour attraper ton bien ainsi que le bout de papier, retirant ta main tout aussi vite comme si la peau de Cian t'avait brûlé. Tu rebaisses de nouveau la tête, observant ta boîte métallique, tentée par son contenue alors que tes doigts froissent le bout de papier. Tu le sens s'éloigner, s'approcher de la porte. « Attends » Ta parole dépasse ta pensée, tu t'entends plus que tu ne prends conscience de ta supplique. Il s'arrête et tu relèves de nouveau ton visage vers lui, l'observant pour la première fois depuis qu'il a pénétré dans cette pièce. Il semble fatigué, il est presque dans un état aussi pitoyable que toi mais pourquoi ? tu ne te rappelais pas qu'il était comme ça à l'époque, ou alors tes souvenirs sont erronés ? « Je...merci » Merci pour quoi, tu n'en sais foutrement rien, merci d'avoir fait passé ta stupide crise de manque et d'angoisse, merci de t'avoir rendu ta boîte en sachant ce qu'elle contient, merci d'avoir espéré il y a des années à ta place, merci d'y croire encore ? Tes doigts caressent le parchemin et tu finis par le déplier, curieuse de savoir ce que ton esprit malade à encore fait mais l'écriture n'est pas la tienne et tu ne reconnais pas l'adresse. Un homme que tu as encore séduit pendant une soirée trop arrosée ? impossible, en général tu te rends directement avec eux à leur domicile avant de partir comme une voleuse, jamais d'attache ou même de traces. Ton regard clair se relève de nouveau, caressant le visage de l'homme en face de toi. Tu vois le mur derrière lui onduler, comme s'il fondait par une chaleur inexistante, tu clignes plusieurs fois des yeux avant de te pincer l'arrête du nez avec tes doigts dans l'espoir de faire passer ton hallucination et la migraine qui l'accompagne. Tu sais au fond à qui appartient cette adresse, le rapprochement n'est pas compliqué à faire alors qu'un soupire s'échappe de tes lèvres. Tu finis par poser une main sur le dossier d'une chaise pour t'aider à te relever, tanguant un peu avant de finir par te tenir droite. Tu tentes maladroitement de cacher ta nudité partielle avec tes bras en te raclant la gorge. « Je dois retourner travailler mon patron va se demander où je suis et s'il me voit avec toi ici il...je...je dois y aller » Tu lui tournes le dos alors que tu ouvres ta petite boîte, attrapant un cachet bleu que tu glisses sous ta langue, refusant de prendre autre chose devant lui. Tu replaces alors la petite boîte dans ton sac puis hésitante, tu glisses le morceau de parchemin dans la poche de ta veste. Tu ne sais pas si tu t'en serviras mais tu n'arrives pas à te résoudre à fermer cette dernière porte de sortie. Lentement tu te retournes et tu combles les derniers mètres jusqu'à la porte avant de retourner dans la boîte, tu pénètres dans le carré VIP sous les sifflements des clients et tu prends l'homme sur la chaise par la main, le forçant à se relever. Il titube sous les effets de l'alcool mais tu as tellement l'habitude que tu n'en prends pas compte. Il t'assène une claque monumentale sur le fessier alors que tu l'emmènes vers la sortie du carré, après tout il a payé pour un forfait complet. Tu sens peu à peu les effets de la drogue embrumer de nouveau ton cerveau, ta conscience, ta fierté, tout ce qui te rend humaine alors que tu croises une dernière fois le regard suppliant de Cian, le laissant avec ses compères tandis que tu quittes définitivement le carré avec l'autre homme.

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MessageSujet: Re: Misery machine Δ LIESIAN   Misery machine Δ LIESIAN EmptyMar 9 Sep - 15:46

Misery machine
Liesa & Cian


« J'ai toujours tout fait pour t'aider, n'est-ce pas ? » Elle m'observe, incrédule, embrumée. Mon égoïsme est déçu qu'elle ne m'offre aucun réconfort, qu'elle ne m'affirme pas que oui, malgré mon échec, j'avais demeuré un bon guérisseur, une aide qu'elle avait appréciée. J'avais toujours tout fait pour l'aider. Je désirais me persuader moi-même. Tout le monde de mon entourage me l'avait clamé des milliers de fois, mais aucune n'avait su me raisonner. Pour moi, Liesa était cet individu, cette patiente, à qui j'avais faillit. Elle me hantait perpétuellement, comme aucun autre malade avant elle. Peut-être était-ce car elle avait été ma première, car désormais, je blâmais mon inexpérience et sous-estimais sans retenue aucune mes compétences. Une petite voix cessait néanmoins de me répéter, me rattachant à un bonheur relatif, que j'avais tout fait en mon pouvoir à l'époque. « Tout fait mais... ».

Je me redresse, me butant à cette scène bouleversante, à ce fantôme du passé désarticulé, damné, malmené. Je l'analyse un moment, me crevant le cœur sur cette vision. Je résiste à la tentation de l'emmener chez moi, d'en prendre soin comme un garçonnet qui trouve un oiseau blessé et se jure de le remettre sur pattes, tout en l'enfermant dans une boîte à chaussures malodorante. Je réalise que comme cet enfant, sans doute ferais-je plus de mal que de bien à Liesa. Peut-être la condamnerai-je. Combien de gosses sont parvenus à soigner ces oiseaux fébriles, cruellement vulnérables ?

Je me recule légèrement. Je n'avais pas le droit de m'imposer dans sa vie. J'avais eu ma chance, désormais, je devais respecter ses choix, même si tout mon être se révulsait à l'idée de lui tourner le dos. Je n'osais pas décoller mon regard de sa peau si pâle, de ses cheveux si longs, de son malheur si profond. Mon cœur martelait inlassablement ma poitrine, et un pincement acerbe le maltraitait. Mon esprit s'enthousiasmait à chercher des solutions aussi loufoques qu'interdites à son bien-être, et cela à une vitesse étourdissante. Des scénarios apparaissaient pour laisser place à un manège de médicomages que je connaissais, puis retour au passé, à son départ qui se réitère. Et si elle était vraiment cette cause perdue que tout le monde s'évertuait à lui coller à la peau ?

« Attends » Je me fige, me questionnant sur la véridicité de ce petit mot, du son de sa voix qui s'adresse à moi. Enfin. Je n'y crois pas, je la dévisage alors qu'il ne semble qu'aucun trait n'ait bougé depuis la précédente minute. Je peine à dénouer l'illusion de la réalité, alors qu'elle m'offre enfin son regard bleuté. Son azur ténébreux. Les milliers de démons avec lesquels je me battais constamment, tentant de les excommunier de sa prison de mémoires sans relâche, y valsent allègrement. « Je... merci » Un silence s'installe, tandis qu'un sourire aussi doux que sincère étire doucement mes lippes. Merci pour quoi, je ne savais le dire, mais d'une certaine manière, ce petit mot avait son impact positif sur ma personne. Je me sentais enfin utile, j'avais le sentiment de n'avoir pas fait qu'échouer, de n'avoir pas fait de mal, de n'avoir pas que gaspillé un temps précieux de sa vie si turbulente. Je lui adresse un léger signe de la tête en guise de réponse, ignorant quels termes placer sur ces sentiments, sur cette reconnaissance toute particulière, quasi extraordinaire. Je l'observe se relever non sans difficultés, me retenant pour ne pas aller l'aider, m'ordonnant d'imposer cette distance entre nous, cette partie de pont qu'elle, et uniquement elle, doit construire afin de rejoindre le mien. « Je dois retourner travailler mon patron va se demander où je suis et s'il me voit avec toi ici il...je...je dois y aller. » Mon sourire s'évapore doucement, je tente de cacher mes émotions, ma déception, ma tristesse, ma souffrance, mon désir ardent qu'elle n'emprunte pas cette direction. Mais qui étais-je pour souhaiter cela ? Qui étais-je pour lui demander tout cela ? Personne, je n'avais aucun pouvoir sur elle, nul droit, nul devoir.

Elle se faufile et j'ai l'image d'une anguille qui parvient à s'évader de filets grossièrement noués. Durant quelques minutes, je demeure immobile, laissant le froid de la soirée me fouetter le visage, me donner quelques impressions d'existence, alors que mon cœur s'apaise doucement, bien que ma gorge se noue. Je baisse finalement les yeux, abandonnant ma condition de statue, me sentant soudainement horriblement démuni. Ce n'est que plusieurs minutes plus tard, incité par l'arrivée d'un couple alcoolisé, que je quitte les lieux et enfile le masque que je porterai au milieu de mes collègues. Mes yeux sombrent de nouveau sur la silhouette abîmée de Liesa qui disparaît aux bras du roi de la nuitée. Des prières filent entre mes yeux pendant que le rideau se referme sur elle. Je m'installe aux côtés de mes amis, la question du quand et du si je la reverrais commençant déjà à m'enivrer.
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